L’adolescence, l’adolescent, la crise... Autant de mots que l’on entend de toutes parts et qui tentent de conceptualiser une période charnière dans le développement de l’humain. Celle-ci signe le passage du monde de l’enfance vers celui de l’adulte.
Par ailleurs, il faut se détacher de ses parents, prendre son envol afin de se confronter à la réalité, faire ses propres expériences de vie. Alors le jeune se fond dans le groupe, le groupe classe, le groupe d’amis, celui que l’on appelle groupe des ‘pairs’ auquel il s’identifie. Néanmoins ce sentiment est relativement ambivalent dans la mesure où l’on a autant envie d’être semblable que d’être reconnu comme quelqu’un d’unique.
Comment trouver sa place ? Il y a aussi la question du désir. Désir de plaire, désir d’être séduit, désir d’une première relation sexuelle.
Qu’est-ce que ce corps sexué ?
Ce corps que l’on ne maîtrise pas toujours, qui nous échappe parfois, dont on n’a pas vraiment conscience. Ce corps qui peut tout de même renvoyer quelque chose à l’autre.
Qu’est- ce que l’autre nous renvoie alors de nous ?
Si l’on s’intéresse de plus près à la question de la prostitution chez les jeunes, lorsque certains tentent d’expliquer les conduites prostitutionnelles, on entend souvent parler de ‘choix’. Nous nous interrogeons sur cette question du choix. Est-il conscient ? Inconscient ? Mais qu’est-ce qu’un choix ?
Peut être serait-il plus judicieux de parler de passage à l’acte ?
Tous les adolescents ne seront pas amenés à se prostituer. De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’une faible estime de soi, d’un clivage entre l’esprit et un corps potentiellement considéré comme objet. Ceux-ci associés à la période de transition adolescente que nous venons de décrire peuvent favoriser un passage à l’acte. Mais qu’est-ce qui amènerait un jeune à se prostituer ? À considérer que son corps puisse devenir un jour un objet de transaction à vendre ou à louer ? Il s’y joue quelque chose tant de l’ordre de la relation à soi et à l’estime de soi que de la relation à l’autre.
Dans le cas de jeunes qui se prostituent et ceci en dehors de la prostitution en réseau, on retrouve des histoires de vies parfois difficiles, avec une forme de défaillance parentale, une difficulté à se construire un cadre, une limite au sein de laquelle le fait de grandir et de devenir adulte pourrait se faire avec des repères stables. Certains experts ajoutent aussi des climats de violences sexuelles. Dans la construction de la personne, l’intime est quelque chose qui s’est transformé pour devenir publique, mais aussi à vendre.
Ainsi, il devient clair que l’adolescence est une période à risque du fait des fragilités déjà évoquées. Cette période de découverte de la sexualité peut favoriser une conduite prostitutionnelle dont le jeune ne maîtrise pas encore les effets. Néanmoins, il est important de rappeler qu’il y aura toujours des séquelles psychiques à un passage à l’acte .
C.LeR. |