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EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
29 mai 2008

les risques

Les risques prostitutionnels chez les jeunes

Après la vague médiatique provoquée par deux publications sur la prostitution étudiante, voici quelques repères sur un sujet tabou, la prostitution chez les jeunes. Cette prostitution existe. Des cas de relation sexuelle contre de l'argent nous sont rapportés régulièrement dès l’âge de 16 ans, dans des milieux scolarisés ou non.

Pourquoi ? Trois raisons sont avancées :


- le besoin d'argent,
- la volonté d’adhérer à un modèle social à tout prix,
- la manipulation par une personne plus âgée.

Quel parcours ? Les travailleurs sociaux sont formels : les lacunes affectives ou éducatives, les violences, les échecs scolaires conduisent à des structures psychologiques plus fragiles. Ces jeunes sont alors moins préparés à se défendre et à respecter l’autre.

Comment ? Il s'agit essentiellement d'une prostitution occasionnelle. Si la majorité finit par arrêter la prostitution pour un projet professionnel, une minorité tombe dans une prostitution régulière et arrête sa scolarité. Pour ces jeunes, c’est vite l’engrenage. L’argent est rapidement gagné et aussitôt « brûlé ». Il devient alors de plus en plus difficile d’en sortir. 

Combien ? Il y a peu de données chiffrées disponibles. 5 000, 10 000 ou davantage ? Stable ou en croissance ? Volume sous-estimé ou surestimé ? Parmi eux, combien de mineurs ? Ce que nous savons, c'est qu’une majorité des 5 millions des 15 à 25 ans, même en situation de difficulté, ne se prostitue pas. Il est important de le rappeler afin d'éviter toute surenchère médiatique. En effet, la combinaison des termes « prostitution » et « étudiante » est une usine à fantasmes qui garantit aux médias une augmentation d'audience.

La question de la prostitution chez les jeunes nous interroge sur la responsabilité de la société. L'opinion publique est en totale contradiction : les sondages montrent une grande tolérance vis-à-vis de la prostitution, mais la société se scandalise de la prostitution de sa jeunesse.

Il nous faut trouver un équilibre entre un ordre moral hypocrite et une liberté individuelle sans limites. Quelles valeurs et quel monde voulons-nous transmettre à nos enfants ?

Jean-Sébastien Mallet
Délégué général de

la Fondation Scelles

Le Coin des experts

Adolescence et prostitution

Caroline Le Roux, psychologue clinicienne, nous parle du rapport entre adolescence et prostitution, des notions de choix et de passage à l'acte.

L’adolescence, l’adolescent, la crise... Autant de mots que l’on entend de toutes parts et qui tentent de conceptualiser une période charnière dans le développement de l’humain. Celle-ci signe le passage du monde de l’enfance vers celui de l’adulte.

Par ailleurs, il faut se détacher de ses parents, prendre son envol afin de se confronter à la réalité, faire ses propres expériences de vie.  Alors le jeune se fond dans le groupe, le groupe classe, le groupe d’amis, celui que l’on appelle groupe des ‘pairs’ auquel il s’identifie. Néanmoins ce sentiment est relativement ambivalent dans la mesure où l’on a autant envie d’être semblable que d’être reconnu comme quelqu’un d’unique.

Comment trouver sa place ?
Il y a aussi la question du désir. Désir de plaire, désir d’être séduit, désir
d’une première relation sexuelle.

Qu’est-ce que ce corps sexué ?

Ce corps que l’on ne maîtrise pas toujours, qui nous échappe parfois, dont on n’a pas vraiment conscience. Ce corps qui peut tout de même renvoyer quelque chose à l’autre.

Qu’est- ce que l’autre nous renvoie alors de nous ?

Si l’on s’intéresse de plus près à la question de la prostitution chez les jeunes, lorsque certains tentent  d’expliquer les conduites prostitutionnelles, on entend souvent parler de ‘choix’.
Nous nous interrogeons sur cette question du choix. Est-il conscient ? Inconscient ? Mais qu’est-ce qu’un choix ?

Peut être serait-il plus judicieux de parler de passage à l’acte ?

Tous les adolescents ne seront pas amenés à se prostituer. De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’une faible estime de soi, d’un clivage entre  l’esprit et un corps potentiellement considéré comme objet. Ceux-ci associés à la période de transition adolescente que nous venons de décrire peuvent favoriser un passage à l’acte. Mais qu’est-ce qui amènerait un jeune à se prostituer ? À considérer que son corps puisse devenir un jour un objet de transaction à vendre ou à louer ?
Il s’y joue quelque chose tant de l’ordre de la relation à soi et à l’estime de soi que de la relation à l’autre.

Dans le cas de jeunes qui se prostituent et ceci en dehors de la prostitution en réseau, on retrouve des histoires de vies parfois difficiles, avec une forme de défaillance parentale, une difficulté à se construire un cadre, une limite au sein de laquelle le fait de grandir et de devenir adulte pourrait se faire avec des repères stables. Certains experts ajoutent aussi des climats de violences sexuelles. Dans la construction de la personne, l’intime est quelque chose qui s’est transformé pour devenir publique, mais aussi à vendre.

Ainsi, il devient clair que l’adolescence est une période à risque du fait des fragilités déjà évoquées. Cette période de découverte de la sexualité peut favoriser une conduite prostitutionnelle dont le jeune ne maîtrise pas encore les effets. Néanmoins, il est important de rappeler qu’il y aura toujours des séquelles psychiques à un passage à l’acte .

C.LeR.

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