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EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
17 novembre 2009

comment parler de sexualité (suiteet fin)

C'est la méthode utilisée en effet dans la plupart des manuels spécialisés. Cela paraît objectif, et par là même rassurant. Mais pour un enfant de 5 à 8 ans, les mots «spermatozoïdes», «ovules», «utérus», «trompes de Fallope», n'évoquent rien. Ils restent des mots abstraits, car ils ne correspondent pas à ce que l'enfant expérimente de son corps.

De plus, comme toute personne humaine, l'enfant ressent le corps comme son corps et pas comme un objet d'étude. L'apparente neutralité d'un langage médical, la froideur avec laquelle les mots scientifiques lui parlent de son corps comme d'une chose objective et sans mystère, ne peuvent que le mettre mal à l'aise.

Enfin, la connaissance des mécanismes de l'appareil reproducteur ne peut pas nous dire comment ni pourquoi on s'en servira. Qui peut prétendre que la connaissance du mode de fonctionnement du système digestif suffit à éviter l'indigestion ou la cirrhose ? Ce langage biologique aura son utilité plus tard, mais on ne peut s'en contenter, et faire l'impasse sur l'amour qui unit les personnes.

Alors, quel est le langage le plus adapté ?

L'analogie et la poésie. Nous l'utilisons d'ailleurs assez spontanément pour expliquer aux enfants une réalité inconnue d'eux en la comparant avec une chose connue. Ce langage symbolique est particulièrement adapté à l'enfant de 3-5 ans, très imaginatif, toujours prêt à s'émerveiller.

Ses questions viennent souvent de l'observation d'une maman enceinte : «Comment le bébé est installé dans ton ventre ?», par exemple. Sans raconter de fables, on peut déjà lui dire la vérité, en évitant les termes trop techniques qui ne signifient rien pour lui. On peut expliquer, par exemple, que le bébé est installé près du cœur de sa maman, comme dans un nid ou comme dans un berceau. Le «comme» est important : c'est «comme» un nid, mais ce n'est pas un nid.

«Et comment sort le bébé ?», demande l'enfant. - «Par un petit chemin réservé aux bébés.» - «Comment est-il rentré ?» - «Par le même chemin...» L'enfant de cet âge ayant surtout l'expérience de cette partie du corps par la fonction d'élimination, il arrive qu'il associe la naissance à quelque chose de sale ; il a besoin d'être rassuré : le chemin des bébés n'est pas le même que celui du pipi.

Mais un enfant de 8 ans ne se contente plus de ce genre de réponse...

Non, mais la poésie et le langage analogique ont toujours leur place. L'image de la graine de vie, par exemple, garde toute sa valeur pédagogique pour parler du rôle du père dans la conception, question plus insistante à cet âge.

C'est aussi le moment où garçons et filles sont très conscients de leurs différences - à nous de les aider à découvrir le sens de leur masculinité ou féminité, à leur donner le pourquoi de cette différence, en leur expliquant la complémentarité de l'homme et de la femme dans l'amour pour qu'ils puissent saisir cette vérité fondamentale : l'amour est une relation entre deux personnes complémentaires. Une relation parfois si forte qu'elle dépasse les mots et s'exprime par des gestes qui vont dire l'amour. Des gestes réservés aux parents, car ils expriment une communion et un don de soi que l'on ne peut choisir et vivre que lorsqu'on est «grand».

Voici une anecdote authentique qui peut illustrer ce que donne, à mon sens, une éducation sexuelle réussie.

La maman de Romain, 11 ans, sent qu'il est temps que le papa ait avec son fils une conversation «entre hommes». Le père, plutôt réservé, surmonte sa pudeur et prend son fils à part. Il lui parle très simplement mais très concrètement de la beauté de l'amour humain et de la responsabilité de son corps. L'enfant est profondément touché par les confidences de son père.

Quelques années plus tard, Romain, 17 ans, annonce à ses parents qu'il va passer la semaine de vacances chez un ami, et s'en va. Trois jours plus tard, retour inopiné : «Papa, j'ai fait une grosse c... Je t'ai menti : je n'étais pas chez un ami, mais chez une fille...»

C'est un bel exemple des fruits de la relation de confiance tissée jour après jour dans la famille, et de ces rencontres vraies entre parents et enfants.

(1) S'il te plaît, parle-moi de l'amour, par Inès Pélissié du Rausas (préface de Xavier Lacroix) Saint-Paul, 334 p., 125 F.

(2) Comment vraiment aimer votre enfant, par le Dr Ross Campbell, Orion. Du même auteur, chez le même éditeur : L'Adolescent, le défi de l'amour inconditionnel, et Les Enfants en colère.

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