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EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
5 février 2009

Entretien - Aldo Naouri aux parents : Soyez autoritaires

Envoyé par: Rogemi ()

Date: 11 avril 2008, 20:59

Entretien - Aldo Naouri aux parents : Soyez autoritaires

Dans son nouveau livre, « Eduquer ses enfants » (Odile Jacob), le pédiatre le plus célèbre de France explique pourquoi nos enfants vont mal et encourage les parents à assumer, sans crainte, leur rôle d’éducateurs.

Il a appelé de ses voeux le retour du père, critiqué la sacro-sainte alimentation à la demande, fustigé la toute-puissance des mères et émis des hypothèses sur le rôle positif de la douleur à l’accouchement. Depuis vingt-cinq ans, le pédiatre Aldo Naouri déboulonne un à un les fondamentaux de la naissance et de l’éducation contemporaines. Qu’importe si les experts hurlent au sacrilège et lui contestent sa légitimité à convoquer l’inconscient-s’il a lui-même fait une psychanalyse, il n’a jamais exercé en tant que psy-, Naouri continue de prêcher. Au nom de ces parents qui, désorientés par trente ans de théories contradictoires dans l’art d’accommoder les bébés, font un succès phénoménal à chacun de ses livres dits « réactionnaires ». Dans « Eduquer ses enfants », qui paraît le 20 mars chez Odile Jacob, Naouri les exhorte plus que jamais à reprendre la main et à répondre fermement, dès la naissance, à la « toute-puissance infantile » de leur progéniture. Parce que les « enfants à problème » d’aujourd’hui, ces enfants difficiles, agités et malheureux dont Naouri déplore le nombre grandissant, seraient en fait des enfants mal élevés. Tout bêtement.

Le Point : Nos enfants vont-ils si mal ?

Aldo Naouri : Je le crois, oui. En quarante ans de pratique, je les ai vus changer. Leur santé physique s’est considérablement améliorée, mais ils présentent, depuis dix ou quinze ans, des troubles du comportement et du développement qu’on ne leur connaissait pas autrefois.

Par exemple ?

Des difficultés relationnelles, des retards d’acquisition du langage, des problèmes scolaires ou d’hyperactivité. Ce sont souvent de petits obsessionnels, et ils ont globalement plus de mal, depuis quinze ou vingt ans, à devenir autonomes. La preuve ? L’incroyable développement des professions qui visent à leur « rééducation », comme la psychomotricité ou l’orthophonie.

Selon vous, plutôt que de les envoyer chez le psy, les parents auraient dû remplir leur rôle d’éducateurs, et ce dès la toute petite enfance. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Que s’est-il passé ?

En toile de fond de ce « défaut d’éducation », il y a deux événements fondamentaux, et en tout premier lieu la maîtrise totale, dès 1975, de la contraception. Je m’en réjouis, évidemment. Mais elle change tout ! L’enfant n’est plus une conséquence involontaire de la sexualité des adultes, il est un pur produit de leur volonté, placé par conséquent au sommet de l’édifice familial. Et puis nous sommes passés durant la même période d’une société de pénurie à une société d’abondance. Je m’en réjouis aussi ! Sauf que, dans une société de pénurie globale comme celle que nous connaissions avant les années 70, le message intrinsèque à l’éducation était : « Tu ne peux pas tout avoir. » Un statut était donné d’emblée à la frustration, à ce que les psychanalystes appellent le manque, qui est selon moi essentiel à l’éducation d’un enfant dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, le message de notre société de consommation, et donc des parents eux-mêmes, qui peinent à y résister, c’est : « Non seulement tu peux tout avoir, mais, comme nous, tu as droit à tout. »

Vous suggérez que ce sont les classes moyennes qui peinent le plus à éduquer leurs enfants.

Absolument. Parce qu’elles ont été les grandes bénéficiaires de l’enrichissement général. Comment ne pas entraîner leur enfant dans cette abondance toute neuve ? Au risque de choquer, je pense que les couches supérieures de la société, qui avaient déjà du patrimoine et n’ont pas connu cet enrichissement brutal, s’en sont mieux sorties parce qu’elles ont continué à introduire de la frustration dans l’éducation, que cela plaise ou non aux enfants.

Votre théorie s’applique peut-être aux beaux quartiers, mais des pans entiers de la société sont aujourd’hui exclus de l’abondance. Les enfants des quartiers difficiles sont frustrés, et ils ne vont pas bien !

Je suis issu moi-même de la misère, je m’en suis sorti, et je suis loin d’être le seul de ma génération. Mais j’ai grandi à une époque où le message était : « On ne va pas tout avoir, mais on va se battre pour avoir le plus possible . » Ce qui est terrible, c’est de grandir dans la privation alors que la société vous fait croire que vous avez droit à tout. Il y a de quoi devenir fou.

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