Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
10 janvier 2009

drogue (suite)

Drogue, alcool, tabac:
comment protéger les ados ?

Chez les quinze-dix-huit ans, la consommation de cannabis se banalise, les états d'ivresse dus à l'alcool augmentent et un jeune de 18 ans sur deux est fumeur régulier de tabac. Comment prévenir et analyser ces comportements à risques ? Le docteur Jean-François Bloch-Lainé (1), auteur d'un ouvrage complet et précis répond à nos questions.

Famille et éducation : Doit-on parler aux tout jeunes enfants de ces problèmes ou attendre qu'ils posent des questions ?

Jean-François Bloch-lainé : Trop de parents craignent qu'évoquer la drogue donne des idées à leurs enfants. C'est une erreur. Si on ne veut pas qu'un bébé mette ses doigts dans les prises électriques, il faut lui expliquer quels dangers elles représentent. C'est la même chose avec les substances dangereuses. On ne peut pas prévenir si l'on évite le sujet et si l'on n'explique pas, sans tabou, les effets. Vers sept ou huit ans, les enfants en entendent parler à la radio, à la télévision, dans les chansons... Dès la 6e, dans n'importe quel collège, la plupart vont être mis en présence de cannabis. C'est une situation préoccupante mais indéniable. Si ces collégiens ne savent pas à quoi ils ont affaire, ils peuvent être curieux et tomber dans le piège.

F et E : Quels mots employer ?

J-F. B-L. : Il faut être précis et ne pas hésiter à se répéter. Evoquer les effets dévastateurs sur la santé, sur l'équilibre, sur la vie, générés par ces addictions. Insister sur le fait qu'il y a des produits illicites. Mais, à l'adolescence, on se croit souvent bien loin de ces menaces donc il ne suffit pas aux parents, de dire : " ‚a fait du mal " ou " C'est interdit et puni par la loi ". Il est nécessaire d'ajouter que certaines molécules sont des dévoreuses de liberté. Ce mot possède un écho très vif chez les ados : ne pas hésiter à s'en servir en faisant comprendre que si on veut rester libres, il ne faut pas commencer à fumer, ni à consommer des drogues. Quant à l'alcool, il faut leur expliquer qu'il est possible d'en maîtriser la consommation. Enfin, et surtout, peut-être, ne pas o ublier que la séduction de ces produits tient souvent à l'ostracisme qui les accompagne. Potions interdites, elles deviennent magiques aux yeux des ados, à cet âge o on est enclin aux excès, aux prises de risques. Donc, il ne faut pas nier que drogues, alcool, tabac savent donner du plaisir, au début. Mais ajouter : " L'enfer s'installe rapidement ".

F et E : Pourquoi des adolescents ont-ils besoin de cette prise de risques ?

J-F. B-L. : Aucun élément ne permet de lister des éléments prédisposant à ces consommations dangereuses. Des spécialistes ont détecté chez beaucoup d'héroïnomanes, un manque grave d'amour dans l'enfance, des sévices, notamment l'inceste subi ou vu au sein de la famille. Mais la plupart des ados qui fument, boivent trop d'alcool ou se droguent ont surtout besoin de sortir d'eux-mêmes. C'est un âge o l'on n'est pas toujours bien dans sa peau. On croit trouver une autre identité, un moteur pour agir, se désinhiber et affirmer sa personnalité dans ces conduites transgressives. On veut sortir de l'emprise familiale mais on reste craintif et on tombe, en fait, dans un autre groupe, un clan avec qui on vit les mêmes rites, faussement rassurants.

F et E : Comment protéger l'enfant de ces dérives ?

J-F. B-L. : Justement en tentant de lui donner confiance en lui. En lui démontrant au quotidien qu'il n'a pas besoin de poudre, d'alcool ou de tabac pour se transformer en un être merveilleux. Il faut veiller aussi aux signaux d'alerte : le travail scolaire qui baisse, une tristesse qui s'installe, des changements d'attitude. Mais l'adolescence est la période du changement. Il faut donc être en éveil sans tout interpréter à travers ce filtre. Et si on s'aperçoit qu'une consommation dangereuse est installée, il vaut mieux se faire aider d'un pédiatre car si l'enfant en est là, c'est que les parents n'ont, sans doute, pas su déceler assez tôt un malaise et qu'il y a une difficulté de communication.

Propos recueillis par Patricia Gandin

(1) Le docteur Jean-François Bloch-Lainé est membre du Comité consultatif national d'éthique et du Haut comité de santé publique. Il soigne des drogués depuis 1989 et dirige le Centre de traitement " Émergence Espace Tolbiac " à Paris, créé en 1995.
Il a écrit Une drogue, un piège avec Marie-José Audersert et Jean-Blaise Held aux éditions

La Martinière

jeunesse (292 p.,

149 F

).
Voir aussi en page 59 notre fiche santé " La consultation médicale à l'adolescence ".

Publicité
Commentaires
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
Publicité
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
Archives
Publicité