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EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
16 décembre 2008

Peut-on embrasser son enfant sur la bouche?

Nathalie Côté

Cette question n’est simple qu’en apparence. Les uns – Françoise Dolto et ses tenants, pour ne pas les nommer – vous diront catégoriquement NON. Que les enfants ont besoin de limites claires, que le baiser sur la bouche appartient au rituel amoureux adulte et qu’il doit être réservé qu’aux amants.

Certains autres vous diront que le baiser sur la bouche est une source de microbe et qu’il ne devrait pas trouver sa place entre parents et enfant. Un enseignant de première année me racontait qu’une infirmière en milieu scolaire avait annoncé aux petits de sa classe qu’il était temps de cesser cette pratique avec leurs parents. (Il me confiait également, après cette intervention, avoir préféré prendre en charge lui-même les rencontres d’éducation sexuelle…).

Comme sexologue, mais avant tout comme maman, je pense que ça dépend. Je pense que l’éducation que nous avons reçue ainsi que la culture nous influence, et explique la diversité des opinions sur ce sujet. Ainsi, dans certaines familles, c’est habituel, intime, affectueux et non-incestueux. Il y a une différence entre un baiser d’amoureux et un bisou léger sur la bouche, et elle s’explique à un enfant. Tant qu’il n’y a rien d’inapproprié – pas de petite langue exploratrice à répétition et de grands baisers langoureux –, embrasser son enfant sur la bouche demeure donc une question de choix et de confort... pour toutes les bouches concernées!

Les grandes étapes de la sexualité infantile

Dominique Nancy

«Pour comprendre le développement des enfants, on a encore recours de nos jours aux notions de phase orale, anale ou phallique, ou encore de l’Œdipe, que Freud introduisit en identifiant leur rôle à des âges précis de la vie des enfants», écrivent les auteures Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau dans La sexualité de l’enfant expliquée aux parents.

Bien entendu, plusieurs facteurs influent sur le rythme avec lequel un enfant passe d’une étape à l’autre, précise Mme Saint-Pierre au cours d’une entrevue. «Son tempérament, sa personnalité et son contexte de vie par exemple peuvent amener des éléments qui freinent ou bousculent les étapes de son développement psychosexuel.» En principe, les grandes étapes sont toutefois associées à l’âge des jeunes.

Entre deux et six ans, l’enfant manifeste dans son comportement une forme d’exhibitionnisme et un intérêt pour le lien amoureux qui unit ses parents. On parle de «curiosité sexuelle», selon Frédérique Saint-Pierre. L’enfant commence à s’interroger sur son origine. «Il est structurant pour un enfant que ses parents lui expliquent d’où il vient, signale la psychologue. La curiosité sexuelle des enfants est saine. Elle témoigne d’une curiosité plus large de l’enfant pour la vie et pour le monde qui l’entoure.»

Vers quatre et cinq ans, la pudeur commence à gagner du terrain. L’exhibitionnisme s’atténue, l’intérêt à l’égard de la conception grandit: c’est l’âge des questionnements d’ordre sexuel. Il s’intéresse aussi à ses organes génitaux, explore son corps et les masturbations volontaires ne sont pas rares. Mais il n’y a pas de raison d’en faire un drame, affirme Mme Saint-Pierre. «Il faut éviter de lier la sexualité à des sentiments de culpabilité en portant des jugements négatifs du type “Ça ne se fait pas” ou “C’est dégoutant”. Si l’enfant se masturbe en public, la meilleure marche à suivre est de lui expliquer qu’il s’agit d’un acte intime et qu’il y a des endroits appropriés pour cela.»

Autres conseils: profitez de l’occasion pour aborder le problème des sévices sexuels en mentionnant à l’enfant que son corps lui appartient. «Il apprend ainsi qu’il ne doit pas laisser d’autres personnes toucher à ses parties intimes.» La notion de plaisir est également importante à faire passer: l’enfant peut comprendre que la procréation n’est pas l’unique motivation dans les rapports sexuels, et que les gens ont aussi des relations parce qu’ils s’aiment et que c’est agréable.

Lorsque l’enfant atteindra la puberté, il aura normalement trouvé la réponse à toutes ses questions d’ordre général sur la sexualité. Les explications recherchées par l’adolescent se situent sur un tout autre plan. Ses interrogations se portent sur ses amis, ses relations amoureuses, son entrée dans la vie d’adulte et l’éveil de sa propre sexualité. «Là encore, une bonne communication est cruciale, dit Mme Saint-Pierre. Le dialogue avec les parents est possible uniquement lorsque ceux-ci reconnaissent à l’adolescent le droit à une vie amoureuse et sexuelle.»

L'éducation sexuelle... tout simplement!

Nathalie Côté

La sexualité est partout; elle englobe de multiples aspects: biologiques, psychologiques et affectifs tels la reproduction, l’identité sexuelle (le sentiment d’être un garçon ou une fille), les rôles sexuels, le sexisme, les orientations sexuelles, la sensualité, l’érotisme, la violence, la perversion, toutes les étapes du développement, de la naissance à la mort. On aurait tort de vouloir la restreindre aux relations sexuelles. En fait, la sexualité, c’est la vie!

L’enfant s’imprègne de nous
Tout au long du développement de l’enfant, nombreuses sont les occasions pour faire de l’éducation sexuelle. Mais la première éducation est non pas ce que je dis, mais ce que je fais et ce que je suis. Dès ses premiers jours de vie, l’enfant s’imprègne de ce que nous sommes: émotions, pensées, désirs, craintes et espoirs, relation, climat.

Mon histoire, mes valeurs, mes attitudes, mes préjugés seront lus et absorbés par l’enfant qui me côtoie. Aussi est-il fondamental de faire le bilan quant à sa propre relation avec la sexualité. Est-ce une belle relation? Positive? Suis-je épanouie? Est-ce que je traîne des blessures ou des malaises? Aie-je reçue une éducation sexuelle et quel genre? Je souhaite quoi pour mon enfant? L’idée n’est pas de vous envoyer en thérapie… mais avant tout, il faut être conscient de soi pour faire en sorte de ne pas mêler ses propres histoires au vécu de l’autre, afin de lui permettre d’écrire la sienne.

Lorsque nous abordons la question de la sexualité, les enfants retiendront, avant tout, comment nous nous sentons. Si mon ton change, si mon stress augmente, tout comme ma température, l’enfant sentira qu’il se passe quelque chose de particulier, peut-être même de grave. Pour nos petits, que l’on parle de nutrition, d’hygiène, de sécurité routière ou de sexualité, ça ne fait pas de différence. Son adulte, son parent, prend soin de lui, le guide, lui interdit, lui apprend des choses.

Les mots pour le dire
Puis après, viennent les mots. Des mots qui doivent être simples, honnêtes et porteurs d’une réponse. Car là est l’attente de l’enfant. Au même titre qu’il veut savoir comment on fait un gâteau, il se questionne sur comment on fait les bébés. Il ne veut pas un cours d’anatomie 101 avec une parenthèse prévention MTS! Il cherche une réponse claire et accessible selon son âge et sa capacité de comprendre. Quand ils nous questionnent sur les vitamines, la maladie, la mécanique automobile, l’alimentation, la température, les tsunamis, nous savons instinctivement jusqu’où nous devons aller dans nos explications. Et nous voyons bien dans leurs petits regards quand nous dépassons leur capacité de nous suivre.

«Moi je préfère utiliser les vrais mots parce qu‘ils sont plus jolis dans mon oreille.» Alexandra, 7 ans.

Pourquoi serait-ce plus difficile d’expliquer lorsqu’il est question de sexualité? Souvent ce ne sont que notre propre malaise et nos propres craintes qui viennent tout compliquer. Notre intention à la base de nos interventions doit être claire: dire simplement, nommer, expliquer ces «choses de la vie» invisibles, si naturelles et si humaines. Les relations entre les êtres, l’amour, la séduction, le désir, les changements et les transformations, les mystères, la beauté, le laid, la violence et le merveilleux, font partie d’une même histoire. Nos enfants s’attendent à ce que nous leur la racontions. Voilà la question fondamentale à se poser comme parent: quelle genre d’histoire aie-je envie de lui raconter? Une histoire qu’il devra découvrir tout seul? Une histoire qu’il devra deviner? Une histoire belle? Un documentaire sur la santé et la prévention? Un roman Harlequin? Une histoire vraie?

Laisserai-je quelqu’un d’autre lui raconter? Bien sûr, viendront l’école, différents organismes ou programmes spécialisés, les pairs, la cour de récréation et la rue... Mais en tout temps, ce dont ils se souviendront le plus, c’est ce que vous leur aurez transmis. Et c’est probablement ce qu’ils transmettront à leurs propres enfants…

On ne passe pas des fois sur la lumière rouge; on ne passe jamais! Voici quelques règles à se souvenir en matière d’éducation sexuelle qui sont des repères clairs qui guident les enfants.

·                                 Maman et papa sont des amoureux. Toi, plus tard, tu auras le tien ou la tienne.
Il est essentiel que l’enfant sente une limite, particulièrement autour de ce fameux complexe d’Œdipe. Même si l’on est séparée ou monoparentale, il est important que dans le discours tenu, il soit question d’un éventuel amoureux et de rappeler à l’enfant son rôle, sa place dans la dyade formée. Certains enfants ont tendance à jouer à l’adulte et tente de remplacer le parent absent.

·                                 Les enfants avec les enfants, les adultes avec des adultes.
Les jeux sexuels, l’exploration, la curiosité sont une chose normale entre enfants du même âge. «Certains adultes ont des problèmes et peuvent avoir envie de jouer avec toi ou peuvent vouloir faire des choses dont tu n’as pas envie. Si un adulte ou quelqu’un de plus vieux que toi te le demandes, c’est toujours non.»

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