Les Karens
Venus il y a très longtemps du nord de l’Asie, repoussés sans cesse, du Turkestan au désert de Gobi, au sud de la Chine la Moei la Salawinn. Mais
Le Père Alain raconte :
" Une longue migration les a fait venir des marches tibétaines fuyant famines et désordres il y a plus de 300 ans. Ils se sont fixés dans les montagnes des vallées profondes de deux grandes rivières:
En Thaïlande, ils constituent maintenant la plus importante des tribus du nord (300 000 personnes).
En Birmanie, ils sont 6 millions et le gouvernement de ce pays les persécute, voulant à tout prix les assimiler et ainsi leur faire renoncer à leurs coutumes, ce à quoi ils résistent activement: "la situation politique actuelle en Birmanie va encore compliquer la fragmentation du peuple Karen avec l'apport d'une catégorie nouvelle: les réfugiés. Le régime Birman peu favorable aux Karen les pousse à l'émigration." (MEP, n°416, mars 2007)
En Thaïlande, le gouvernement les ignore et les isole. La frontière thaï-birmane matérialisée par la rivière Salaween est très perméable car celle-ci est traversable à gué en saison sèche, les migrations de karens d’un pays à l’autre sont incessantes: "Ils sont plus de 100000 Karens Birmans à vivre dans les 8 camps de réfugiés ouverts en Thaïlande en 1984, attendant la solution politique qui leur permettra d'envisager un avenir. " (MEP, n°416, mars 2007)
Ce peuple, principalement animiste, parlant uniquement la langue karen, risque de disparaître.
Les Missions Etrangères de Paris tentent donc de le soutenir et de l’aider à se développer et à vivre en harmonie avec le monde thaï.
- L’habitat
La plus grande partie des populations karen habite dans les montagnes le long de la rivière-frontière birmane.
Les karens vivent dans des villages reculés et isolés dans la jungle, et construisent eux-mêmes leurs maisons (sur pilotis, en bois ou en bambou), dont ils doivent refaire le toit tous les deux ans : en effet les feuilles de latanier utilisées à cet effet finissent par pourrir et perdre de leur étanchéité.
- Leur nourriture
Les Karen mangent essentiellement du riz, qu’ils cultivent par la méthode de « l’abattis-brûlis ».
Ce plat unique s’accompagne souvent de piment dont ils sont grands consommateurs et qu’ils vendent parfois pour arrondir les fins de mois, et de quelques racines.
Ils pratiquent assez peu l’élevage ( volaille et porcs ), et ne consomment donc que très peu de viande : on ne tue le cochon que pour les grandes occasions, par exemple pour les mariages.
- Un mode de vie autarcique
Les karens vivent donc en quasi-autarcie : ils tissent eux-mêmes leurs tenues traditionnelles et fabriquent un certain nombre d’objets usuels en vannerie.
La tenue traditionnelle, portée par les enfants lors de la journée karen hebdomadaire à l’école et plus fréquemment par leurs parents, se compose d’une tunique rouge ou rose pour les garçons, blanche pour les jeunes filles qui l’échangent contre une nouvelle robe rouge lorsqu’elles se marient.
Peu de revenus, donc, pour les karens, qui bien qu’attachés à leur mode de vie, aspirent à pouvoir faire face à des dépenses aussi essentielles que la santé ou l’éducation.
Actuellement, plus de 54% des enfants karens ne sont pas scolarisés : le gouvernement thaï se désintéresse de cette région, et quand par hasard une école gouvernementale est créée, les professeurs n’y viennent que très irrégulièrement (deux ou trois fois par mois seulement !).
Or les villageois souhaitent une vie moins dure pour leurs enfants que pour eux, et ils sont bien conscients que cette amélioration ne viendra que par la scolarisation, l’instruction et l’acquisition de la langue officielle de leur pays, le thaï.
Pauvres, parlant mal ou pas du tout le thaï, ils sont parfois la proie facile d’employeurs peu scrupuleux qui les exploitent dans des activités illégales ou peu honnêtes.
Par ailleurs, les karens sont pacifiques, accueillants à l’extrême, attachés à leurs traditions et à leur culture et ont un grand sens de la famille.