Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
27 octobre 2009

Les conflits entre enfants

intervenir ou ne pas intervenir…

telle est la question!

Qui n’a jamais eu à intervenir dans un conflit entre deux enfants? Comme parent ou éducatrice, nous sommes souvent appelés à gérer des situations qui nous semblent aller au-delà des compétences des enfants. Est-ce bien le cas? Les conflits entre enfants peuvent-ils être constructifs pour eux?

La première question à se poser est certainement qu’est-ce qui provoque un conflit entre deux enfants? Quand on veut un même objet? Un même espace? L’attention de l’éducatrice ou du parent? En fait, il y a conflit lorsqu’au moins deux personnes veulent obtenir la même chose: un objet (un jouet), un espace («Je veux être assise à côté de mon ami») ou encore une attention sociale («C’est mon éducatrice!»).

Nous sommes portés à croire que les limites des habiletés du jeune enfant le placent souvent dans des situations de conflit, et que c’est principalement de l’agressivité qu’il vit à la garderie ou en groupe. Or, les interactions conflictuelles (pousser, mordre, tirer les cheveux), même si elles sont plus spectaculaires, sont beaucoup moins fréquentes que les interactions affiliatives (offrir un objet, sourire, toucher). Le conflit représente environ 20% de l’ensemble des activités sociales entre enfants de 2 ans, et seulement 5% chez les enfants de 5 ans.1

Positifs, les conflits?

Et si ces conflits offraient aux enfants des possibilités de vivre, ultérieurement, des relations d’amitié? En effet, il ne faut pas oublier que la plupart des conflits surviennent lorsque deux enfants ont le même intérêt pour un même objet. Ce même intérêt, même s’il s’exprime dans un contexte conflictuel, permet souvent d’aboutir à des interactions plus agréables. Qui n’a jamais vu deux enfants, deux minutes après un conflit virulent, jouer ensemble?

Ces interactions, bien que plus dérangeantes pour les adultes, permettent aux enfants d’expérimenter différents comportements et de s’ajuster aux réactions des autres. En effet, c’est dans ce contexte égalitaire entre enfants que ceux-ci peuvent exercer leurs nouvelles stratégies d’interaction et développer leur compréhension des règles de vie qui régissent un groupe. Ainsi, il est plutôt rare de voir un enfant de quatre ou cinq ans en mordre un autre. Pourquoi? D’abord, parce qu’il aura compris les coûts et les bénéfices de ses actions. Frapper un autre enfant peut entraîner une riposte encore plus sévère de la part de l’autre enfant. Et d’autre part, parce qu’il aura développé de nouvelles stratégies pour faire face aux différentes situations sociales. L’enfant apprendra ces nouvelles façons de faire en observant les autres (enfants et adultes) bien sûr, mais aussi en testant ses propres stratégies.

Intervenir ou non

Il est donc important de s’interroger sur la place de l’adulte dans cet univers d’expériences sociales entre enfants. Est-il possible de ne pas intervenir quand deux enfants se chamaillent? Évidemment, cela ne va pas de soi! Habituellement, nous intervenons sur-le-champ pour arrêter le conflit, bien que la plupart du temps, il n’y a pas de risque de blessures. Il peut être d’autant plus difficile de ne pas intervenir lorsqu’un enfant sollicite notre soutien! Cependant, on peut se demander pour quelles raisons et pour qui on intervient. Y a-t-il un danger pour l’enfant? Qu’est-ce que l’enfant va apprendre de notre intervention? Que peut-il apprendre si on évite d’intervenir? Alors que nos interventions (retirer l’objet aux enfants, le remettre à celui qui l’avait en premier) ont souvent comme objectif d’éviter un règlement du style «que le plus fort gagne», l’intervention de l’adulte en est pourtant une d’autorité… celle du «plus fort»!

Si on observait davantage les enfants, nous serions surpris par leur grande capacité à trouver des solutions négociées. Ceci demande de la part de l’adulte de soutenir les enfants dans la recherche d’une solution équitable, mais peut également devenir l’occasion pour l’éducatrice de solliciter tous les enfants du groupe et pour les enfants, la possibilité de faire valoir leur savoir-faire.

Le défi pour le parent ou l’éducatrice est donc d’en arriver à jouer un rôle de guide ou de chef d’orchestre, afin de permettre à chaque enfant de vivre intensément une diversité d’expériences sociales et ce tant via des amitiés... que des conflits.


Francine Sinclair, Ph. D. en psychologie, est professeure au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Outaouais et membre du Groupe de recherche sur la qualité éducative des milieux de vie de l’enfant (QEMVIE). Elle s’intéresse à la socialisation des jeunes enfants en groupe de pairs et à leur adaptation en milieu de garde.

Résolution de conflits et conciliation

Le terme «conflit» a de nombreuses connotations négatives, évoquant des images de violence, d'agression, de haine, de turbulence et même de guerre. Les parents et les intervenantes apprécient les milieux paisibles et veulent que les enfants mènent leur vie sans conflit. Pourtant, une certaine dose de conflits peut contribuer au développement social, aux aptitudes de résolution de problèmes et à la sécurité émotive des enfants. Ces derniers apprennent à devenir des «artisans de la paix» lorsqu'ils arrivent à régler efficacement les conflits inévitables qui surgissent dans leur famille, à la garderie, à l'école ou dans le quartier. Si leur vie était complètement dépourvue de conflits, les enfants ne pourraient pas acquérir ces compétences. Les parents et les intervenantes peuvent donc suivre les conseils ci-dessous pour aider les enfants à apprendre les aptitudes de résolution des conflits dont ils auront besoin pour créer un monde plus paisible.

Publicité
Commentaires
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
Publicité
EDUCATION ET AIDE HUMANITAIRE
Archives
Publicité